Le cycle de vie

 

L’oeuf

L’œuf est la première étape de la vie d’un monarque. En nature, une femelle monarque peut produire de 300 à 400 œufs en seulement quelques semaines, et jusqu’à 700 en captivité. Elle pond généralement un seul œuf par plant d’asclépiades, qu’elle fixe sous une feuille afin qu’il soit protégé des intempéries. Il n’est cependant pas inhabituel de trouver plusieurs œufs par plant, ou même par feuille. L’œuf mesure entre 0,9 et 1,2 mm. Il est de couleur jaune crème avec de fines stries longitudinales sur toute sa surface. L’éclosion a lieu de trois à huit jours après la ponte.

 

Photo: André-Philippe Drapeau Picard
Crédit photo: André-Philippe Drapeau Picard

 

La chenille

Fière allure

Tout comme le monarque adulte, le corps de la chenille est divisé en trois parties : la tête, le thorax et l’abdomen. La tête cache de minuscules antennes, presque invisibles. Malgré ses douze ocelles (yeux simples permettant de percevoir les variations de luminosité), elle ne voit pas très bien. La chenille porte des filaments noirs près de sa tête (2e segment) et au bout de son abdomen (11e segment). Ce ne sont pas des antennes, bien qu’ils aient une fonction sensorielle.

Comme tous les insectes, la chenille possède trois paires de pattes attachées au thorax, mais la première d’entre elles est difficilement visible chez l’adulte. Sous l’abdomen de la chenille, on observe des fausses-pattes. Ce sont en fait des sortes de ventouses, doublées de crochets, qui l’aident à se déplacer et à s’accrocher lorsqu’elle se nourrit.

Un appétit vorace

La principale activité de la chenille : s’alimenter ! La coquille de son œuf constitue son premier repas, tout de suite après l’éclosion. Elle profite ainsi de précieux nutriments. Par la suite, cap sur l’asclépiade !

La chenille de monarque se nourrit exclusivement d’asclépiade, on dit donc qu’elle est spécialiste. C’est une des rares espèces animales capables de résister à la sève toxique de l’asclépiade, et même d’accumuler les cardénolides afin de devenir elle-même toxique.

Muer pour grandir

Toute cette nourriture permet à la chenille de grossir rapidement. En 7 à 17 jours, elle augmente son poids de 2 700 fois ! Si un humain grandissait au même rythme, il atteindrait en 2 semaines la taille de la statue de la Liberté. Pour suivre une telle croissance, son corps doit s’adapter. La chenille passe donc par cinq mues successives, ou stades larvaires, au cours de cette étape.

Chacune de ces mues procure à la chenille un squelette externe un peu plus grand, lui permettant de poursuivre
sa croissance. La taille de la chenille varie beaucoup au cours d’un stade, mais certaines parties de son corps ne changent pas. C’est le cas de la tête et des filaments noirs, qui ne grandissent que lors des mues.

Seulement 10 % des chenilles atteignent l’étape de la chrysalide. Leur toxicité constitue un moyen de défense efficace auprès des prédateurs comme les oiseaux et les mammifères ; cependant, les invertébrés y sont moins sensibles. Il arrive donc que les chenilles soient victimes de ces prédateurs ou de parasites.

 

Crédit photo : André Sarrazin

La chrysalide

Tous les papillons passent obligatoirement par le stade de chrysalide : c’est la troisième étape de leur cycle de vie.

Cocon ou chrysalide ?

Le cocon ne fait pas partie du cycle de vie. C’est une protection que certaines espèces de papillons — toutes nocturnes — confectionnent avant de se transformer en chrysalide. Le cocon est fait de soie. La chenille la fabrique grâce à des glandes salivaires modifiées, contrairement aux araignées qui la produisent à l’aide de glandes situées au bout de leur abdomen.

Le jour J

La chenille quitte généralement le plant d’asclépiades au cours du cinquième stade larvaire afin de trouver un lieu en hauteur et bien camouflé, propice à sa transformation. Une fois en place, elle tisse un coussinet de soie sur un support, y insère les crochets situés au bout de son abdomen et se positionne en J. Elle reste ainsi de 12 à 48 heures avant de s’extraire de son squelette de chenille, désormais sous forme de chrysalide.

Un camouflage efficace

À l’étape de chrysalide, le monarque est un as du camouflage! Puisqu’il ne peut pas bouger pendant plusieurs jours — et donc difficilement se défendre, mis à part par sa toxicité —, le papillon applique la tactique de la dissimulation… et elle fonctionne! Grâce à sa couleur vert-turquoise, à ses points dorés qui reflètent la lumière et à sa petite taille (3 cm), la chrysalide est très difficile à repérer en nature. Graduellement, elle passera du vert jade au vert bleuté, jusqu’à laisser apparaître les couleurs de l’adulte en transparence. Au bout de 8 à 15 jours, le papillon adulte émerge enfin de l’enveloppe de la chrysalide.
 

 

Le papillon

On appelle émergence le moment où le papillon sort de la chrysalide. Quelques heures auparavant, les pigments apparaissent en transparence, et on peut deviner le papillon adulte, prêt à faire sa sortie. Le moment venu, la chrysalide se déchire pour laisser le passage au papillon adulte. Bien accroché à l’enveloppe de la chrysalide, il « pompe » ensuite l’hémolymphe (le sang des insectes) dans les vaisseaux traversant ses ailes encore molles. Son abdomen rétrécit à mesure qu’il se vide de l’hémolymphe ainsi que des déchets métaboliques accumulés pendant la transformation.

Au bout de quatre à cinq heures, les ailes sont rigides et bien déployées : le papillon peut s’envoler. Premier arrêt : une fleur riche en nectar pour faire le plein d’énergie. Le monarque adulte est généraliste : il peut se nourrir de différentes espèces de fleurs, pourvu qu’elles aient de bonnes quantités de nectar à offrir.

La reproduction à tout prix

Une fois rassasié, le papillon peut se consacrer à la tâche principale de l’adulte : la reproduction. Mâles et femelles se mettent donc à la recherche d’un partenaire. Après avoir été fécondée, la femelle part en quête de plants d’asclépiades pour déposer ses œufs. Elle en pond plusieurs centaines en quelques semaines seulement.

Une génération distincte

Les papillons qui émergent à la fin août et en septembre ne se lancent pas immédiatement dans la reproduction. Ils constituent un groupe particulier de monarques : la génération migratrice. Pour conserver un maximum d’énergie en prévision de la longue migration vers le sud qui s’annonce, leurs organes reproducteurs ne sont pas complètement développés. Cette génération entreprendra l’impressionnant voyage jusqu’aux montagnes du centre du Mexique, où elle passera l’hiver. Ce n’est qu’avec l’augmentation de la luminosité, au printemps suivant, que se terminera le développement des organes reproducteurs. Alors que les monarques adultes vivent généralement de trois à cinq semaines, ceux de la génération migratrice subsisteront jusqu’à huit mois.